Portrait d'Alain Resnais

ALAIN RESNAIS

Portrait d’une lumière de l’ombre

 

À 87 ans, Alain Resnais est un cinéaste discret et élégant. Récompensé par un prix « exceptionnel » à Cannes, le génie du cinéma a sorti Les Herbes folles, un film tiré du roman  L’Incident de Christian Gailly. Retour sur une carrière impeccable menée par un homme « exceptionnel ».

 

 

On connait d’Alain Resnais ses films poétiques, inspirés. Ce que le grand public ignore, c’est que derrière l’œil avisé du cinéaste expérimenté se cachent une modestie et une timidité presque adolescente. Celui même qui est à l’origine de chefs-d’œuvre tels qu’On connaît la chanson  se laisse encore prendre au dépourvu par un prix académique. Voilà ce qui définit Alain Resnais : un talent immense sous une délicatesse devenue rare.


Le cinéma n’est pas pour lui une façon de briller en société, mais un « art collectif ». Et on veut bien croire cette phrase lorsqu’elle sort de la bouche de celui qui a longtemps été confondu avec ses scénaristes…Pourtant, Alain Resnais n’est pas non plus un doux agneau né de la dernière pluie. Il a derrière lui des collaborations qui feraient pâlir plus d’un réalisateur : Jorge Semprun lui-même a salué le travail et l’investissement d’Alain Resnais. Car le cinéaste ne laisse pas de place au hasard dans son travail de réalisation : si les idées viennent d’elles-mêmes, un peu à la manière de l’écriture automatique, l’effort doit être constant. Alain Resnais peut alors se transformer en monstre de mauvaise foi, et chercher la petite bête dans la production des ses équipes.


Malgré ce côté perfectionniste, Alain Resnais sait aussi renoncer, changer d’avis. Lui qui, il n’y a pas si longtemps, n’arrivait pas à faire le lien entre cinéma et littérature, adapte aujourd’hui –et avec talent- un roman à l’écran. C’est sans doute ce qui fait la force du réalisateur : ne pas rester assis sur ses lauriers, accepter de remettre son monde en question. Et Alain Resnais sait convaincre son entourage de le suivre dans ses lubies. C’est lui qui a su embarquer Christian Gailly, réticent, dans l’aventure cinématographique en répondant exactement aux peurs de l’auteur. Séduit par le caractère sauvage de Gailly, Alain Resnais avoue même avoir « eu le trac » avant de rencontrer l’auteur…


Cette finesse, cette attention portée au monde qui l’entoure, cela peut s’appeler les vertus de l’âge. Ou l’intelligence. Peu importe, finalement, lorsqu’on connait Alain Resnais.



23/06/2010
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