Plans de la lose


Dis tout de suite que je suis grosse...

 

 

 

On s’est toutes un jour demandé comment notre corps était perçu par les nombreuses paires d’yeux inquisiteurs qui croisent notre route. Certaines sont persuadées d’avoir les oreilles décollées, d’autres ne s’imaginent pas autrement qu’en une masse de poils ambulante. Pour ma part, comme la très certaine majorité des filles un peu trop portées sur le Big Mac (ou les bonbons, ou le Coca…tout ce qui fait culpabiliser, en fait), le problème se situe au niveau des hanches, ou plutôt à partir des hanches – direction le sol.


Sans en faire un complexe maladif, j’avoue que la perspective de me trémousser follement en maillot lors d’un match de beach-volley ne m’enchante pas vraiment (les heureuses possesseuses de cellulite hyper-méga-incrustée-mais-comment-ça-se-fait-pourtant-je-mange-sainement comprendront).

 

Mais bon, j’ai bien compris la leçon : mieux vaut faire envie que pitié. Alors, je l’applique à fond, la leçon, et je ne fais plus envie, je donne carrément faim aux passants avec mes jambonneaux ficelés dans des collants en résille.


Heureusement, personne ne s’est encore risqué à une réflexion désobligeante. Peut-être parce qu’au bout du compte, on cohabite plutôt bien, mon cholestérol et moi. Peut-être aussi parce qu’en débardeur, j’ai l’air de sortir tout droit d’une séance de bodybuilding - mais seulement du haut du corps (merci à ma sœur maigrelette, à ma mère fan de Contrex et aux milliers de packs d’eau soulevés pendant ma jeunesse…), et que, forcément, ça en dissuade plus d’un. 

 

Bref, jusqu’à la semaine dernière, je trimballais mes boudins paisiblement, et j’étais très bien comme ça. J’étais d’ailleurs tellement bien comme ça que je m’auto-célébrais autour d’un paquet de chips saveur barbecue.

 

Et là, sans crier, un infâme malotru (autrefois appelé Super Chéri) me jette un regard méprisant, avant de me balancer un vulgaire « Toi, t’as tes Chips, moi, j’ai le calendrier Aubade, heureusement ».


Gloups. Keuf keuf (je m’étouffe virtuellement).

 

Et je rêve de l’étouffer entre mes poteaux velus.


25/06/2010
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Dis tout de suite que j'ai un look qui craint...

Journée à l’hôpital pour un examen des intestins : grand moment de gêne dans l’Histoire de ma –pourtant assez habituée au ridicule- petite vie.

 

Non pas que je sois d’un naturel très guindé, mais la robe en mousseline ouverte à l’arrière et la charlotte négligemment posée sur ma chevelure hirsute, c’en est presque trop pour mon petit cœur, plus très rocker depuis que Super Chéri a décidé de me laisser au bord de la route du Bonheur…

 

Mon apparence n’est pourtant pas ma préoccupation première. Il faut dire que la perspective d’être endormie chimiquement, sans parler de celle de subir une intervention pas des plus glamour, me parait autrement plus inquiétante qu’une épilation pas franchement irréprochable.


Et pourtant.

Une fois ancrée dans mon brancard, abandonnée aux yeux de toute une ribambelle de personnel hospitalier, une seule question me traverse l’esprit : « pourquoi diable ne suis-je pas passée par la case maquillage ce matin? ». Une chose est sûre : je ne gagnerai pas 100000 euros, et je ne risque pas de passer par la case « nouveau départ amoureux » (par la prison non plus d’ailleurs…quoique, pour délit de sale look?).

 

Aucun regard gênant pourtant, aucun chuchotement douteux derrière le passage de mon carrosse à roulettes : nul doute que femmes en blanc et hommes en bleu ont bien d’autres soucis que ma petite personne toute défraîchie.

 

Malgré tout, un rouge certain me monte au nez lorsque je réalise que le brancardier n’est autre qu’un joli garçon de mon âge… lui-même suivi par deux ou trois collègues de la même génération. Un vain espoir de me cacher sous mes draps me traverse, vite anéanti par le souvenir de la coupe de ma robe très échancrée dans le dos peu propice à tout exercice de contorsion mal maîtrisé. Il va donc me falloir affronter le mâle dans un accoutrement que même Lady Gaga n’assumerait pas.

 

Ma tentative de passer inaperçue tombe elle aussi  rapidement à l’eau : faire mine de se trouver là par hasard est un exercice somme toute difficile à réaliser avec un cathéter planté dans le bras. Et apparemment, je ne suis pas la seule à l’avoir remarqué, puisque le charmant brancardier me demande si tout va bien, juste avant de me faire un sourire à faire fondre un bracelet d’identification.

 


 

La suite, je ne m’en souviens plus vraiment.

Et ce brancardier, je ne le reverrai sans doute jamais. Mais une chose est sûre : mon prochain passage sur le billard sera fashion –ou ne sera pas.


22/06/2010
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En voiture, Simone!

J’avais pourtant tout pour réussir enfin mon énième tentative de passer le permis de conduire : soleil radieux, route presque déserte et même le soutien d’un moniteur pas franchement commode...J’arrive donc confiante au centre d’examen, les mains pleines de tous les papiers officiels indispensables et le cœur plein d’espoir -tout aussi indispensable, à ce stade je ne compte plus sur mes talents d’automobiliste avertie pour réussir mais sur des détails improbables, du genre problème de véhicule ou vieil inspecteur lubrique attendri par mes charmes. A croire que le sort s’acharne sur moi : j’entre dans la voiture où m’attendent un moniteur et…une inspectrice.

 

Bon, le numéro de vamp tombe à l’eau. Pas grave, j’ai bien suivi la leçon de la chanson,je garde donc la positive attitude et tente un enthousiaste « Bonjour ! Y a-t-il quelqu’un pour sauver la voiture ? ». Deux paires d’yeux effarés se braquent sur moi. Pas de chance, la demoiselle n’est pas cinéphile, ma référence a fait un bide. Toujours pleine d’entrain, je m’installe au poste de conduite. Au moment de mettre le contact, j’ai encore bon espoir …jusqu’à ce que le doux son d’un moteur en plein état de fonctionnement parvienne à mes oreilles.

 

Je vois toute ma vie défiler devant mes yeux (comment ça, j’exagère ? Que ceux qui ont passé leur permis plus de cinq fois me jettent la première roue de secours !) : toutes mes chances de victoire se sont définitivement envolées. « Vous circulez à allure normale. N’hésitez pas à me demander… ». Une voix lointaine me tire de mes visions. Ah oui, c’est vrai, c’est à moi de jouer. J’enclenche la vitesse, je vérifie les rétros, appuie sur l’accélérateur, re-vérifie mes rétros, mets mon clignotant, re re-vérifie mes rétros, tourne le volant, re re re-vérifie mes rétros(à ce moment un sentiment de sérénité m’envahit : mon moniteur va être fier de moi, je pense à mes arrières) , passe la troisième…et suis éjectée contre mon siège, d’un coup de frein dont je ne suis pas l’auteur.  « Et la priorité à droite, ça vous concerne pas peut-être ? », me crie la voix lointaine. Moi, au summum de mon flair, je conclus qu’il doit s’agir d’une question piège. « Ben non, c’est à moi la priorité. » Héhé, je suis parfaitement satisfaite de ma réponse jusqu’à ce que Cruella pousse un énorme soupir et « bon allez on y retourne. »

 

Je n’insiste pas, elle doit être déçue que son jeu d’actrice n’ait pas marché avec moi. Je continue à vérifier mes rétros. J’y aperçois d’ailleurs mon moniteur. Et sa chemise. Un petit coup d’œil sur la route et je ne tiens plus, il faut absolument que j’analyse cette chemise, mon œil est comme attiré par ce bout de tissu qui m’inspire à la fois dégoût et admiration. 

 

Mais encore une fois, la voix m’interrompt dans ma réflexion profonde , pour me signaler que c’est-devant-que-ça-se-passe-les-rétros-c’est-juste-pour-contrôler. Je me retiens de lui faire part de mon observation vestimentaire :si cette femme n’est ni cinéphile ni comédienne dans l’âme, je doute fort de ses compétences en matière de mode. En plus, « on passe aux manœuvres ». Chouette, enfin quelque chose que je maîtrise. Mais apparemment, Cruella et moi n’avons pas la même définition du mot maîtrise.

 

Certes, j’avoue que mon demi-tour en trois temps se fait en cinq temps, et que lorsque je me gare soit moi soit le passager est bloqué pour ouvrir sa portière. Mais je suis toujours garée entre les lignes et je n’ai jamais calé en faisant un créneau...L’erreur est humaine, non ? Oui, mais de toute évidence mon inspectrice non. Face à mon sourire victorieux de fin de manœuvres(j’ai un sourire propre à chaque évènement), elle ne trouve qu’à me lancer un « Heureusement que vous n’avez pas passé votre permis il y a 20 ans, à l’époque il n’y avait pas de direction assistée. »

 

Glourps, la traîtresse essaie de me déstabiliser. Je ne perds pas le nord (ahah, c’est le cas de le dire), et prends sans rechigner la direction de l’autoroute. Et là , la panique s’empare de moi. Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à prendre la même autoroute que moi ? Accrochée à mon levier de vitesse, j’hésite à en prendre (de la vitesse-ého,il faut suivre un peu !). Et ça n’échappe pas à l’as du volant qui trône à côté de moi. « Ben quoi, vous avez peur ? Faut se lancer ma p’tite dame ! Alala, c’est pas possible,ça ! » C’en est trop. Des trémollos dans la voix, je lance sèchement : « Non , ce n’est possible .On rentre. » Bouche bée, la Cruella.

 

Depuis, mon vélo est toujours mon plus fidèle acolyte, et Cruella m’a fait parvenir ses excuses. Non mais.

 



22/06/2010
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